Les conflits entre frère et sœur : une fatalité ?
Les conflits entre frère et sœur : vaste sujet à la fois banal et commun dont on a parfois bien du mal à comprendre les raisons.
Souvent lorsque l’on parle des relations entre frère et sœur, les réactions sont assez tranchées. Soit ils sont les plus complices du monde, soit ils se détestent au point de ne plus se voir en peinture ! Cependant on cherche rarement à comprendre quelle serait l’origine de ces conflits. Comme s’il y avait une fatalité face à leurs existences. L’entente entre frère et sœur serait une sorte de coup du hasard : parfois ça marche et parfois non. La psychologue Jeanne SAFER dira d’ailleurs à ce sujet : « Je crois que les gens ont tendance à considérer les relations frères-sœurs comme une affaire classée, qu’ils n’ont aucune raison de rouvrir. ».
Cependant il existe quelques clés pour comprendre un peu mieux les raisons de ces conflits entre frère et sœur !
« Mais moi j’ai pas choisi ! »
Nombreux sont les enfants ayant vécu comme une injustice l’arrivée brusque d’un petit frère ou d’une petite sœur. Car si ce nouvel arrivant, (pour ne pas dire envahisseur) peut certes être désiré par les parents, les enfants déjà présents ont rarement leur mot à dire sur ce sujet. De ce fait, ils ne voient pas forcément ce changement de situation d’un bon œil.
La fratrie est toujours source de rivalité. Les conflits entre frère et sœur peuvent aller de la simple chamaillerie ou dans des cas plus graves à l’expression d’une haine explosive et destructrice.
Premier conseil : accepter l’existence du conflit
Effectivement, tant de situations pourraient être apaisées si on acceptait simplement l’existence de cette rivalité plutôt que de chercher à tout prix à la minimiser, voire à la nier. Combien de parents n’ont pas déjà dit à leur aîné de faire attention à leur cadet, de les aimer et de bien prendre soin d’eux ?
Si la pression est trop grande, plusieurs problèmes découlent de ce genre de propos.
-
Une pression culpabilisante :
Quand l’aîné a trop de responsabilité vis-à-vis de son cadet, cela devient compliqué à gérer pour lui. Il peut certes l’aider, partager avec lui des moments de complicité. Néanmoins, ce n’est pas son rôle de prendre en charge le bien être des autres enfants de la fratrie. Ce serait une responsabilité trop lourde à porter et cela risquerait de devenir une source de culpabilisation. Quand les attentes sont trop grandes, difficile de pouvoir toutes les satisfaire !
Oriane témoigne de son expérience d’aîné et des difficultés qu’elle a rencontré. A la naissance de son petit frère « dont personne ne voulait », Oriane s’est vu confier la tâche de s’en occuper. Si dans un premier temps l’enfant peut se sentir valorisé de se voir attribuer un statut particulier, ce privilège va rapidement se transformer en poison face à l’ampleur des demandes et attentes que nécessite ce rôle de parent de substitution. Un jour Oriane a dit stop à ses parents. Elle a eu les ressources nécessaires pour se sortir de ce rôle qu’elle n’aurait pas dû assumer.
Le poids de cette responsabilité peut avoir des conséquences sur la nature des liens de la fratrie. Celle-ci peut être à l’origine des conflits entre frère et sœur. Face à ce genre de situation, un sentiment de rancœur peut s’installer chez l’aîné envers le cadet. En effet, ce dernier, en plus de prendre toute l’attention des parents, devient également la source des reproches qu’il reçoit. Un jour l’aîné peut en avoir marre d’une telle situation et rentrer en conflit ouvert pour mettre fin à ce rôle dont il ne veut plus. Ou bien il va entièrement se conformer à sa tâche, ce qui sur le long terme, peut avoir des répercutions plus graves.
-
Une intériorisation du conflit :
En empêchant l’enfant de s’exprimer sur la rivalité et le conflit qu’il est en train de vivre, cela ne va pas pour autant arrêter le fait qu’il ressente ces émotions. A ne pas pouvoir en parler, il va les accumuler sans jamais les évacuer. C’est peut-être pour cela qu’il va parfois agir de manière brusque voire violente. Il cherche à faire part d’une émotion qu’il ne sait pas comment exprimer autrement.
Bien sûr, il ne s’agit pas de chercher des excuses face à un acte de violence. Il s’agit d’essayer de comprendre la cause qui serait à l’origine de cette violence.
Conseil : Si ce genre de situation arrive, l’idéal est d’avoir une discussion avec l’enfant pour comprendre ensemble ce qui vient de se passer. Il peut être intéressant de demander à l’enfant s’il comprend pourquoi vous ne cautionnez pas ce genre de comportement. Cela permet d’ouvrir la discussion avec lui. Ensuite vous pouvez lui expliquer qu’il existe des comportements acceptables et d’autres qui sont inacceptables. Cherchez ensemble des cas concrets pour illustrer chaque catégorie ! Par exemple : c’est acceptable qu’il ne veuille pas jouer avec sa petite sœur, par contre c’est inacceptable qu’il jette les jouets dans la pièce pour exprimer son refus.
Et si c’était une chance ?
Au lieu de diaboliser systématiquement les conflits entre frère et sœur, si on y voyait là un phénomène rassurant et tout à fait normal. En effet, comme le rappelle la psychologue Catherine Vanier : « Qu’elles soient refoulées ou exprimées, la jalousie et la rivalité sont inévitables dans la fratrie. Loin d’être négatives, elles agissent comme un stimulant, un ferment à la construction de l’identité psychique de l’enfant. C’est pour cela que les parents doivent les accepter. ».
Pas de conflit, pas de soucis ?
Ce serait tellement bien s’ils ne se disputaient jamais : pas de cris dans la maison et pas d’histoire à régler, le rêve ! Vraiment ? Et si derrière cette entente parfaite se cachait un problème sous-jacent ?
Il parait en effet assez étonnant qu’il n’y ait jamais de conflits entre frère et sœur. Ou qu’ils partagent tout sans le moindre souci. Il est possible qu’ils soient tous deux rentrés dans une quête pour démontrer qui est l’enfant le plus gentil, celui qui est le plus parfait aux yeux des parents. Cela peut arriver quand l’entourage cherche, souvent de manière inconsciente, à coller avec l’image de la famille parfaite. Les enfants ressentent cette intention et cherchent par tous les moyens à y correspondre. Quitte à laisser une partie de leur personnalité de côté.
Conseil : Faites-en sorte que chaque enfant développe ses propres capacités. Vous pouvez faire une activité spécifique avec l’un de vos enfants : lire un livre avec l’un, faire un puzzle avec l’autre. Peut-être que cela pourra entraîner quelques remarques ou jalousie à l’avenir mais il vaut mieux que celle-ci soit ouvertement exprimées ! Cela vous donnera une bonne occasion pour en discuter. Sinon cette jalousie risque de s’accumuler jusqu’au jour où tout déborde et devient ingérable.
A trop uniformiser, on en perd son identité :
Parfois, sous couvert de bonnes attentions, les parents vont chercher à faire disparaître toutes traces d’inégalité au sein de la fratrie. Ainsi, les enfants vont se voir attribuer les mêmes jouets, les mêmes vêtements… Cependant si sur le papier cela sonne effectivement comme une bonne attention, dans la réalité, c’est une toute autre histoire !
Face à cette uniformité, l’enfant va ressentir le besoin d’exprimer son individualité d’une certaine manière. Ce qui est une bonne chose ! Cela passe par exemple par l’appropriation d’un jouet en particulier. Celui-ci va intervenir comme facteur dissociatif. C’est ce qui va faire qu’il est différent, qu’il est lui et que l’autre est autre. Il est important que chacun puisse développer son univers, son intimité, et que celle-ci soit respectée.
C’est parfois dans la confrontation avec l’autre que l’on se découvre. En cherchant à se démarquer, l’enfant va se construire sa personnalité. Il peut par exemple se découvrir une passion pour un sujet en particulier.
-
Et s’ils veulent faire la même activité ?
Bien souvent, quand l’aîné commence une activité, les enfants suivants vont être naturellement tentés de faire la même chose. Encourager les activités entre frères et sœur est une bonne chose. Cependant attention s’ils font toujours les mêmes activités, les enfants vont essayer consciemment ou inconsciemment de se démarquer. C’est souvent dans ce type de situation qu’ils peuvent se permettre des remarques rabaissantes dans le but de se valoriser au détriment des autres. Attention à ne pas encourager ce genre de comportement en comparant les compétences et résultats des enfants. Cela peut inconsciemment entretenir les conflits entre frère et sœur.
Conseil : Si par exemple ils veulent tous faire de la musique, chaque enfant peut jouer d’un instrument différent ! Ainsi ils peuvent partager la même passion mais chacun aura son propre domaine d’expression. Etre dans le même domaine peut effectivement développer un peu d’esprit de compétition. Cependant chacun pourra mettre en avant ses propres spécificités et la rivalité pourra servir de moteur pour donner envie à l’enfant de faire de son mieux.
Si vous voulez développer les talents de vos enfants, vous pouvez faire appel à nos supers smartsitters !
En conclusion, lorsqu’il est bien géré, le conflit n’est pas forcément destructeur, au contraire, il peut permettre à l’enfant de se découvrir et d’appréhender les relations sociales avec les autres individus. Les interactions entre les individus sont parfois complexe mais c’est justement cette complexité qui donne de la richesse aux échanges. Le plus important est de garder une approche bienveillante et respectueuse dans les interactions, même lorsqu’elles sont conflictuelles.